« Les stéréotypes d'antan, pudiquement appelés "nos repères", nous enfermaient mais nous rassuraient. Aujourd'hui, leur éclatement en trouble plus d'un. Bien des hommes y voient la raison de la chute de leur empire et le font payer aux femmes. Nombre d'entre elles sont tentées de répliquer par l'instauration d'un nouvel ordre moral qui suppose le rétablissement des frontières. C'est le piège où ne pas tomber sous peine d'y perdre notre liberté, de freiner la marche vers l'égalité et de renouer avec le séparatisme. Cette tentation est celle du discours dominant qui se fait entendre depuis dix ou quinze ans. Contrairement à ses espérances, il est peu probable qu'il fasse progresser la condition des femmes. Il est même à craindre que leurs relations avec les hommes se détériorent. C'est ce qu'on appelle faire fausse route. » E.B.
Résumé :
Élisabeth Badinter décrit, en les dénonçant parfois, les contradictions d'un féminisme obsédé par la différence entre les sexes. Et l'auteur de poser la question : quels sont les réels progrès réalisés depuis quinze ans ? Le discours féministe qui se fait le plus entendre aujourd'hui reflète-t-il les préoccupations de la majorité des femmes ? Quel modèle de sexualité cherche-t-il à imposer ?
L’auteur :
Fille de Marcel Bleustein Blanchet, fondateur du groupe Publicis, Elisabeth Badinter assume aujourd'hui un lourd héritage paternel, puisqu'elle est l'actionnaire majoritaire du groupe. Elisabeth Badinter est un personnage controversé : ses idées font souvent scandale. Cette agrégée de philosophie, aujourd'hui maître de conférence à l'Ecole polytechnique, est une penseuse engagée à gauche [...]
Pour les 40 ans du MLF nous ne pouvions résister au plaisir de vous soumettre ce livre qui est un brûlot contre l’extrémisme du combat d’arrière – garde de certaines féministes notamment celles qui composent l’inepte mouvement des chiennes de garde.
Faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait n’est pas à proprement parlé le point fort du président de la République. Alors que plusieurs enquêtes d’opinion prouvent nettement que les Français, notamment en matière de sécurité publique, ne sont plus dupes des effets de manche et d’annonce présidentiels, les révélations du Parisien d’hier ne pourront que leur donner raison : malgré les promesses, il y a deux ans, de moralisation du capitalisme, de « plus jamais ça » sur les rémunérations abusives des grands patrons, on a donc appris que les principaux dirigeants de BNP-Paribas avaient exercé début août leur droit sur plusieurs dizaines de milliers d’actions (système des stock options), réalisant ainsi un profit total de plus d’un million d’euros.
Aux Français le chômage et une dette publique aggravée par les plans de sauvetage de la finance, aux banquiers les plus-values astronomiques, crise ou pas crise. Bien entendu, ces transactions sont conformes à des lois qui, en réalité, ont si peu changé depuis l’été 2008, malgré les sommets à répétition du G8, G20 et autres Davos…
Empêcher les excès des grands patrons serait très difficile à mettre en œuvre - mais l’exemple hollandais nous montre le contraire - et ferait fuir les meilleurs managers à l’étranger - mais n’en resterait-il pas tout de même de qualité en contrepartie de rémunérations plus raisonnables mais malgré tout intéressante ? Bref, le « grand soir » ne serait pas pour demain.
Admettons… Mais en quoi cela empêcherait-il le gouvernement d’aligner la fiscalité des stock options sur le droit commun, c'est-à-dire d’intégrer leur plus-value au revenu des contribuables concernés, de soumettre cette dernière aux cotisations sociales et de l’imposer au titre de l’Impôt sur le revenu (dont il faudrait par ailleurs créer une nouvelle tranche maximale) ?
En ces temps de « chasse » au niches fiscales, de serrage de ceinture pour tous (ou soi-disant tels), pareille mesure irait dans le sens d’une justice fiscale qui, hélas, fait trop souvent défaut, et abonderait de manière non négligeable les caisses de l’Etat.
Mais, là encore, les actes ne suivent pas les discours. Sur les stock options, c’est aussi le grand retour… en arrière !
Disparition du général Pierre-Marie Gallois : un grand Français nous quitte
Avec la disparition du général Pierre-Marie Gallois, notre pays ne perd pas seulement l’un des concepteurs de la force de dissuasion nucléaire, mais un grand défenseur et amoureux de la France : de sa liberté, de sa souveraineté et de sa dignité.
Valeureux aviateur de la France Combattante, indéfectiblement fidèle à une « certaine idée de la France », artisan inlassable de son indépendance atomique quels que soient les gouvernements en place, et refusant les dérives dont notre époque est hélas devenue coutumière, c’est une grande figure de notre Histoire que nous avons perdue.
Je conserverai aussi le souvenir d’un ami de Debout la République qui, habité d’une indéfectible conception de l’Europe respectueuse de ses nations et de ses peuples, avait ces dernières années accompagné notre mouvement au travers de textes et de messages soulignant la nécessité pour la France de tenir son rang.
Je conserverai le souvenir ému de ce grand Français auquel la Nation doit tant.
Chaque gaulliste sincère ne pourra qu’être sincèrement affecté par sa disparition.
Nicolas DUPONT-AIGNAN - Député de l’Essonne - Président du rassemblement gaulliste Debout la République
C’est la fin d’une terrible journée. A pied, fendant la foule, le général de Gaulle arrive à l’Hôtel de Ville où l’attendent Georges Bidault [photo : le Général avec Bidault] et André Tollet. Un moment d’émotion intense, d’unanimité vraie.
« Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos propres vies. Paris*! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple, avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France toute entière, de la France qui se bat, de la seule France … » [discours de Charles de Gaulle]
La voix est un peu voilée. La veille, à Rambouillet, de Gaulle aphone, avait fait venir un médecin. Mais les paroles martelées, les mots soulignés, prennent un sens particulier quand on sait que la capitale a bien failli être victime de la rigueur de la stratégie alliée.
Historiquement, le premier combattant F.F.L. à entrer dans Paris s’appelle Raymond Dronne. Ce capitaine manceau, surnommé « la brêle » est un baroudeur. Alors que la bataille fait rage et que la résistance allemande retarde les plans de Leclerc, le capitaine Dronne tente un raid à la tête de trois voitures. Le 24 août, à 21 h 22 très précisément, Il atteint l’Hôtel de Ville.
Bien que survoltées, les troupes de Leclerc doivent retarder l’échéance. Et si l’on excepte le raid de Dronne, c’est seulement le 25 qu’elles pénètrent dans la capitale où se mêlent la joie et la peur. Le légendaire général – l’homme à la canne – s’installe à la gare Montparnasse d’où il adresse un ultimatum à von Choltitz. Sans réponse, l’assaut est donné à l’hôtel Meurice et von Choltitz**, prisonnier, signe un premier acte de reddition.
Un second texte est, en effet, signé à la gare Montparnasse. Il est contresigné par le Colonel Rol-Tanguy, commandant des F.F.I. d’Île-de-France. Ce qui n’est pas du goût du général de Gaulle. Le chef du Gouvernement provisoire entend bien être la seule autorité du pays, y compris – et surtout – face à la Résistance.
Ainsi, lorsque l’après-midi du 25 août, de gaulle entre dans Paris, il ne se rend pas à l’Hôtel de Ville où il est pourtant attendu, mais à la gare Montparnasse où il arrive à 16 h 15 [photo : le Général avec Leclerc].
Une heure plus tard, dans la voiture conduite par Louis Monthorin, il gagne la rue Saint-Dominique, siège du ministère de la Guerre et reprend le bureau où il fut sous-secrétaire d’État quelques jours avant le 18 juin 1940.
Il prend encore le temps d’élaborer le grandiose défilé du lendemain et de passer par la Préfecture de police avant de gravir les marches de l’Hôtel de Ville où il prononce le fameux discours.
A peine a-t-il terminé que Georges Bidault se penche vers lui (ou plutôt se dresse vers lui !) et lui demande de proclamer la République. Réponse sèche du Général : « La République n’a jamais cessée d’être ! Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu ! ». Le conflit couve avec les résistants…
… Il éclate avec le cardinal Suhard, archevêque de Paris pendant l’occupation et que de Gaulle « invite » à être absent lors de la cérémonie à Notre-Dame. Avec les Américains aussi. Comme Leclerc doit assurer la garde d’honneur, les Alliés rappellent qu’il est sous leurs ordres. Mesquinerie dont on ne tiendra jamais compte.
Et le 26 août, à 14 h., c’est le rassemblement à l’Étoile. Folle provocation, alors que l’on tire encore des fenêtres et des soupiraux. Qu’importe. De Gaulle sera devant, les autres derrière.
A Georges Bidault, trop avancé, il lance :« Un peu en arrière, s’il vous plaît ! »
Au cours du défilé, il fera d’ailleurs intervertir les places de Bidault et Le Trocquer, à sa gauche et à sa droite…
Et puis, avisant un jeune F.F.I. qui fume, appuyé contre une barrière, de Gaulle lui fait signe. Sourires de satisfaction. Sans doute tient-il à avoir près de lui l’un de ces courageux anonymes. Mais la réalité est toute autre : « On ne fume pas dans les défilés ! », dit-il sèchement.
L’extraordinaire cortège s’avance au milieu d’une marée humaine. Parfois un trou se forme dans la foule. Les gens ont dû se jeter à plat ventre sur le sol, à cause de la fusillade qui éclate dès la place de la Concorde.
Sur le parvis de Notre-Dame, des balles fracassent des statuts dont les morceaux jonchent le sol. Dans l’église, des chaises sont renversées, les gens couchés. Leclerc donne des coups de canne pour les faire relever. De Gaulle, lui, est debout, Imperturbable, cible immanquable entre Parodi, Le Trocquer, Leclerc, de
Boislambert ou Jean Marin. Une balle ricoche sur le prie-Dieu où est installé Alain de Boissieu. La cérémonie est abrégée et de Gaulle part… dans la voiture découverte.
La France ne se couchera pas une deuxième fois.
On épiloguera sur les causes de cette fusillade. Certains soupçonneront les communistes, ce qui est démenti par la plupart des témoins. Le général Alain de Boissieu y verra, pour sa part, des opposants au C.N.R. D’autres suggéreront la responsabilité… de pigeons qui, en piétinant sur les toits, auraient provoqué la réaction de quelques tireurs énervés. Une chose est sure : il ne s’agissait pas de miliciens. Ou alors, ils eussent été terriblement maladroits !
Il n’en demeure pas moins que, dans ce jour de liesse, de Gaulle a pris – volontairement – des risques énormes. Pour une unique raison : celle d’incarner, symboliquement, l’unité nationale à laquelle il tient tant.
* Citation
« Capitale fidèle à elle-même et à la France, a manifesté, sous l’occupation et l’oppression ennemies, et en dépit des voix d’abandon et de trahison, sa résolution inébranlable de combattre et de vaincre. Par son courage en présence de l’envahisseur et par l’énergie indomptable avec laquelle elle supporta les plus cruelles épreuves, a mérité de rester l’exemple pour la Nation tout entière. Le 19 août, conjuguant ses efforts avec ceux des armées alliées et françaises, s’est dressée pour chasser l’ennemi par une série de glorieux combats commencés au cour de la Cité et rapidement étendus en tous les points de la ville. Malgré de lourdes pertes subies par les Forces Françaises de l’Intérieur levées dans son sein, s’est libérée par son propre effort puis, unie à l’avant-garde de l’Armée française venue à son secours, a, le 25 août, réduit l’Allemand dans ses derniers retranchements et l’a fait capituler. »(Paris, Compagnon de la Libération par décret du 24 mars 1945)
** Choltitz (Dietrich von). Schloss Wiese, Silésie, 1894-Baden-Baden, 1966. Général allemand qui fut commandant de la garnison Allemande de Paris en 1944. Il refusa de détruire la capitale(c’était un ordre d’Hitler) et se rendit au général Leclerc.